Jacques Le Guen, député UMP du Finistère, tête de liste de la droite
aux régionales : l'hypothèse se confirme. Hier, comme prévu, il a été
reçu par Nicolas Sarkozy à l'Élysée. Pour parler des régionales, bien
sûr.
À la sortie, l'élu finistérien pèse ses mots. « Tout s'est bien passé. Je suis serein et confiant. »
À demi-mot, il faut bien comprendre que le Président de la république a
assuré Jacques Le Guen qu'il sera bel et bien la tête de liste.
Officiellement,
Nicolas Sarkozy ne fait aucun commentaire sur cette rencontre. Mais,
dans l'entourage présidentiel, on ne fait pas mystère que le député est
le favori pour conduire l'UMP en Bretagne.
L'ouverturevers les Villepinistes
Cela
ressemble à un retournement de situation. Depuis des mois, Bernadette
Malgorn, l'ancienne préfète de région, fait aussi campagne, mine de
rien, en vue des régionales. Elle arpente le terrain, rencontre les
militants UMP et se montre avec assiduité aux rassemblements des
fédérations départementales du parti de la droite. En prime, elle
semblait bénéficier d'un fort soutien de Nicolas Sarkozy, dont elle a
été la plus proche collaboratrice au ministère de l'Intérieur.
Autant
dire que dans les rangs de l'UMP, on ne misait plus guère sur Jacques
Le Guen. Surtout que l'élu finistérien n'a jamais hésité à faire
entendre sa différence. Il avait été l'un des six députés UMP à voter,
il y a un peu plus d'un an, contre la réforme de la Constitution. Le
député de Landerneau-Landivisiau n'est donc pas du genre à lâcher le
morceau.
Lorsqu'il a vu Bernadette Malgorn venir lui contester la
tête de liste UMP, il s'est appuyé sur le vote des militants, qui l'ont
désigné. « Ce sont eux qui choisissent », répétait-il aussi à sa sortie de l'Élysée.
La confiance affichée par Jacques Le Guen laisserait presque Bernadette Malgorn de marbre. « Avant
de rencontrer Nicolas Sarkozy, Jacques Le Guen disait déjà qu'il était
serein et confiant. Il le dit après. C'est très bien », glisse-t-elle,
sans souhaiter apporter plus de commentaires. Quant à ses ambitions
pour les régionales, elle tient à rappeler qu'elle a « toujours appelé à un vaste rassemblement dans le cadre de la majorité présidentielle ».
Et
si Jacques Le Guen est donc bien tête de liste, acceptera-t-elle alors
de mener le combat à ses côtés, par exemple en conduisant la liste de
l'UMP en Ille-et-Vilaine ? Elle ne lâche qu'un laconique « on verra ».
Il
reste quand même à attendre la décision, le 2 novembre, du comité
d'investiture de l'UMP. En laissant Jacques Le Guen, un proche de
Dominique de Villepin, prendre les rênes de la campagne en Bretagne,
Nicolas Sarkozy montrera qu'il ne pratique pas l'ouverture seulement à
gauche. Mais aussi au sein de sa propre famille politique.
Didier GOURIN.