Vingt- sept députés de l’UMP et du Nouveau Centre ont voté contre ou se sont abstenus tandis que vingt- trois autres n’ont pas pris part au vote.
« Pas maintenant et pas comme ça » , a martelé le député du Nouveau Centre Jean Dionis du Séjour (ici en septembre 2006) à propos de la suppression de la publicité sur France Télévisions.
PARLEMENT POUR la première fois de la législature, près de la moitié des députés du Nouveau Centre ( 10 sur 23) et six députés UMP ont joint leurs voix à celles de la gauche et du président du MoDem François Bayrou, pour voter contre la réforme de l’audiovisuel public voulue par Nicolas Sarkozy. À l’issue de quatre-vingts heures de débats étalés sur trois semaines et demie, le projet de loi sur l’audiovisuel a été adopté hier après-midi à l’Assemblée nationale par 293 voix ( principalement UMP) contre 242.
Votée en urgence, la réforme a donc été adoptée par une majorité relativement serrée. Au final, seuls six députés du Nouveau Centre ont voté pour, dont le porte-parole du parti Maurice Leroy, qui attend beaucoup du groupe de travail chargé de réfléchir au financement de France Télévisions. Mais dix ont voté contre, dont le président du groupe NC François Sauvadet, le porte-parole du texte, Jean Dionis du Séjour, et le spécialiste budgétaire Charles de Courson. Quatre députés centristes, enfin, se sont abstenus.
Ce texte, qui prévoit la fin partielle de la publicité sur France Télévisions à partir du 5 janvier prochain, a été vivement critiqué en séance par le porte-drapeau du Nouveau Centre Jean Dionis du Séjour. Très applaudi dans les rangs socialistes, le député du Lot-et-Garonne a affirmé que « supprimer 800 millions d’euros de recettes privées pour les remplacer par une addition de deux prélèvements obligatoires et de crédits budgétaires alors que nous entrons dans une crise économique majeure, ce n’est pas une simple erreur de calendrier, c’est une faute politique » . À propos de la suppression de la publicité, le député du Lot-et-Garonne a martelé : « Pas maintenant et pas comme ça ».
Le pacte majoritaire préservé
C’est la première fois que les élus du Nouveau Centre se divisent et se désolidarisent aussi ouvertement du gouvernement. Avant le vote de cette loi, Roger Karoutchi avait rappelé hier devant l’Association des journalistes parlementaires que les élus NC n’avaient « pas manqué » sur le vote du budget ni sur celui de la Sécurité sociale. Selon le secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement, cette situation « n’égratigne pas le pacte majoritaire ».
La réforme de l’audiovisuel n’a pas fait non plus le plein des voix à l’UMP. Six élus ( dont les villepinistes François Goulard et Hervé Mariton) ont également voté contre le texte, et sept autres se sont abstenus, parmi lesquels l’ancien journaliste et député de l’Aube François Baroin ( qui en avait informé verbalement le chef de l’État), le rapporteur général du budget Gilles Carrez, les proches de l’ancien premier ministre Dominique de Villepin Jacques Le Guen ( Finistère) et Jean-Pierre Grand ( Hérault), ou encore Étienne Pinte ( Yvelines), qui a pris depuis longtemps ses distances avec le gouvernement. Georges Tron ( UMP, Essonne), lui, n’a pas pris part au vote pour dénoncer la création de taxes nouvelles. Il s’était déjà abstenu lors du vote du RSA, financé par une taxe.
Au total, ce sont 50 députés de la majorité qui n’ont pas approuvé la réforme que Nicolas Sarkozy avait lancée lors d’une conférence de presse en janvier 2008.
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