Fini l’ouverture à gauche, c’est auprès des franges chiraquo-villepinistes de l’UMP que N.Sarkozy a puisé pour réaliser son remaniement ministériel. Pour apaiser la majorité, G.Tron fait ainsi son entrée au gouvernement. Le député villepiniste Jacques Le Guen, a accepté de revenir sur la nomination de l’un des leurs.
1) Un villepiniste, Georges Tron, vient d’être nommé secrétaire d’Etat à la fonction publique. Comment vivez-vous cette décision ?
Cette décision était dans l’air du temps, Georges Tron a toujours voulu être ministre, tant et si bien qu’il a fini par le devenir. Je trouve sa décision un peu regrettable. Lorsqu’on est nommé à un poste tel que celui de Ministre de l’Intérieur, on a la possibilité de garder une certaine indépendance, mais là ce sera beaucoup plus difficile pour lui de conserver sa liberté de parole. Mais je ne me livrerai pas à d’autres commentaires.
2) Peut-on être villepiniste et Ministre de Nicolas Sarkozy ?
Avoir un pied dedans et un pied dehors constitue toujours un exercice périlleux, mais n’oublions pas trop vite que nous sommes de la même famille politique.
3) F.Baroin a également été nommé Ministre du Budget, qu’est-ce-que cela vous inspire ?
Ca ne m’étonne guère. Il a toujours été très critique envers l’Elysée, je pense qu’il va vite se rendre compte que toutes les décisions sont prises d’en haut. Le métier de Ministre ne ressemble plus du tout à ce qu’il a pu être par le passé.
4) Jeudi, Dominique de Villepin tiendra une conférence de presse, quel en sera l’objet ? On annonce le lancement d’un parti.
Cette conférence a d’abord pour objectif de revenir sur la situation de notre nation, sur ses lignes de fractures qui ne cessent de se creuser. On observe une véritable scission entre le peuple et ses élites, matérialisée par des records d’absentions. Il y a une véritable désespérance à laquelle nous devons répondre.
Notre mission est d’abord de recréer un pacte de confiance entre les Français et les élus. Dominique de Villepin devrait à cette occasion faire sa lecture des résultats des régionales. Cette conférence devrait se conclure sur l’annonce de la création d’un nouveau parti, le 19 juin.
5) Dominique de Villepin avait précédemment évoqué qu’il souhaitait lancer « un pôle gaulliste, social et républicain ». Quelle forme prendra t-il ? S’oriente-t-on vers un mouvement de rassemblement ou vers un véritable parti politique ?
Non, ce ne sera pas une coopérative de partis comme Daniel Cohn-Bendit a pu le formuler chez Europe Ecologie. Nous souhaitons lancer un parti politique qui représentera un nouveau courant de pensée à droite et nous permettra de garder une certaine indépendance vis-à-vis de l’UMP.
Nous souhaitons répondre aux aspirations des Français, défendre les valeurs républicaines qui nous semblent aujourd’hui en danger. L’efficacité doit être au cœur de l’action publique. En ce sens, la bataille pour l’emploi reste le cœur de nos priorités, comme entre 2005 et 2007 où nous avons créé 600 000 postes. Nous avions alors également réussi à réduire le déficit public de 20 milliards d’euros en deux ans.
Ce parti doit être porteur d’espoir, c’est pourquoi nous plaçons la justice sociale en tête de nos priorités, pour que les efforts soient plus équitablement répartis. Nous souhaitons être une alternative crédible à la politique qui est menée actuellement…
6) Ces élections régionales marquent un très sévère recul du Modem. Le déclin du parti centriste libère t-il une place au centre droit pour ce futur parti villepiniste ?
C’est mon sentiment. Nous voulons être un rassemblement allant de Debout la République au Mouvement des Citoyens. Maintenant, n’enterrons pas trop vite F.Bayrou non plus. L’histoire nous a appris qu’en politique, rien n’est jamais fini. De plus, le Modem est formaté pour les élections présidentielles plus que pour des élections locales.
7) Face à ce constat, le Nouveau Centre affiche aussi ses prétentions présidentielles. Pensez-vous qu’il s’agit d’une idée de N.Sarkozy pour contrecarrer les ambitions de Dominique de Villepin ?
Peut-être. Même si j’ai beaucoup d’amitié pour Hervé Morin, aujourd’hui son mouvement ne pèse pas grand chose. De plus, le Nouveau Centre devra assumer le bilan de la majorité, ce qui pose la question de leur légitimité à se présenter de manière indépendante aux présidentielles.
8 ) Des rumeurs affirment que des conseillers de J.Chirac se rapprocheraient du club Villepin ? Cela pourrait-il résoudre le problème du financement de la campagne présidentielle en 2012 ?
Je ne démens pas. Mais ce n’est pas lié aux problématiques de financement.
Il me semble tout à fait opportun de lancer ce nouveau parti qu' attendent de nombreux Français depuis plusieurs mois.
Je suis persuadé que D de Villepin saura porter les espoirs de beaucoup de personnes de toutes conditions.
L' histoire nous apprend que les partis politiques naissent,grandissent et déclinent progressivement.L'UMP ,dans sa forme actuelle, me semble dans cette phase de déclin .Le Président a mangé tout son crédit.Le fruit est donc mûr;il est temps de se positionner.
La date du 19 juin sera donc une date à retenir (le 18 juin aurait été ,certes,un brin provocateur...)
Bon vent à ce nouveau parti !
Rédigé par : Gildas Roué | 23 mars 2010 à 19:04