Monsieur le Président, Mes Chers Collègues,
Je vous félicite à mon tour pour votre réélection du mois de mars. Vous avez déclaré qu'elle fut la plus belle des victoires de votre carrière. Chacun sait qu'elles ont été nombreuses depuis 30 ans, mais je crois volontiers que celle-ci doit avoir un goût tout particulier pour vous.
Au-delà du succès personnel qu'elle vous procure incontestablement, je crois qu'elle vous dégage l'horizon dans votre propre camp. Elle fait de vous l'homme fort de la gauche bretonne. Vous allez pouvoir gérer le Conseil régional avec une majorité aux apparences homogènes et quasiment monochrome. Incontestablement c'est une victoire totale, faisant l'admiration de tous ceux qui croient à la politique et aux ressources que procurent un engagement militant de toute une vie.
Ainsi donc, avec cette élection idéale, s'achève au Conseil régional le temps des palabres et des conciliabules. L'époque où vous deviez négocier, discuter ou “colloquer” avec des camarades récalcitrants, qui renâclaient à partager certaines de vos priorités, est a priori derrière vous. Depuis 1 mois, vous êtes en mesure d'agir vraiment. Enfin, vous êtes le président de Région aux mains libres que vous avez tant rêvé d'être.
Les fortes personnalités socialistes - incontournables pour votre accession au pouvoir il y a six ans - ont été délicatement écartées cette fois-ci. Vous vous êtes aussi habillement débarrassé des turbulents radicaux de gauche. Cerise sur le gâteau - sur un coup politique qu'il faut bien qualifier de « génie», vous avez repoussé vos anciens alliés écologistes et autonomistes dans l'opposition en refusant de fusionner avec eux entre les deux tours. Vous voilà refusant de fusionner avec eux entre les deux tours. Vous voila donc devant nous avec une majorité choisie et toute entière dévouée au projet que vous avez porté.
Chapeau l'artiste !
Cette majorité entièrement forgée à votre main, va vous permettre de traiter les dossiers restés en souffrance entre 2004 et 2010. Croyez-le bien, je m'en réjouis pour la Bretagne.
Certes vous êtes le seul président de Région en France métropolitaine, élu ou réélu uniquement sur un programme de premier tour et donc sur une plateforme socialiste. Je n'en suis pas le plus heureux, mais sans rejeter en bloc et par avance, la politique que vous allez conduire dans les 4 prochaines années, la singularité de votre élection va vous permettre de prendre rapidement des décisions courageuses sur les dossiers déterminants, cités dans votre discours d'inauguration, même si beaucoup aurait pu - ou du - l'être dans le mandat précédent.
Je voudrais revenir sur les déclarations récentes de votre ami Alain ROUSSET, Président de l'ARF qui demande l'ajournement de la Réforme Territoriale. Au nom de quoi la demande-t-il? Quelle légitimité a-t-il pour faire pression sur le Gouvernement ?
Tout au long du mandat précédent, les Régions de gauche se sont comportées en contre-pouvoir face aux gouvernements successifs.
Quant à la réforme Territoriale plus largement, plutôt que d'affirmer des positions définitives et péremptoires, vous auriez pu en discuter ici ces derniers mois.
L'opposition précédente vous avait suggéré de réunir un groupe de travail qui fasse des propositions concrètes et bretonnes. Préférant rejeter, tout net, l'idée même d'une réforme, qui ne pourrait pourtant qu'améliorer les choses, tant notre décentralisation est devenue complexe, vous avez refusé! C'était votre choix et celui de vos collègues, de ne pas associer les Conseils Régionaux de manière officielle à la réflexion sur la réforme des collectivités locales quand il était temps de le faire. Ne venez pas vous plaindre aujourd'hui de ne pas avoir été suffisamment consulté, puisque vous vous êtes vous-même privé d'un droit de parole. Aujourd'hui le texte est sur le bureau du Parlement, c'est donc à lui de trancher.
Surtout, que l'ARF se rassure la clarification des compétences qu'elle appelle de ses vœux va être faite, avec comme premier objectif, ainsi qu'elle le demande, d'être plus efficaces et économes des deniers publics, dont chacun sait qu'ils se font rares à tous les niveaux ces derniers temps. C'est en tous cas notre état d’esprit.
Nous ne sommes pas là pour nous opposer à l’Etat. Ni vous, ni nous, ne sommes élus ici pour cela. Notre assemblée Régionale n'est pas le parlement du Peuple Français - ni même celui du peuple breton d'ailleurs - et si certains d'entre nous assument des mandats parlementaires, ça n'est pas dans cette enceinte que nous devons exercer nos tâches de législateurs et de contrôleurs de l'action gouvernementale. Nous somme ici, avec vous, pour gérer une collectivité locale et assumer nos compétences telles qu'elles ont été définies par la loi. Rien de plus.
La Réforme Territoriale n'a pas être ajournée parce que les Présidents de Régions l'exigent. Elle était un engagement de la majorité. Elle continue d'être discutée, là où elle doit être discutée, et elle sera adoptée selon la volonté des parlementaires qui ne sont pas les plus mal placés pour décider de son sort.
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