Vendredi, pour son déplacement dans le fief du fidèle député Jean-Pierre Grand, Dominique de Villepin a suivi son mode opératoire habituel : visite d’entreprise sous l’objectif d’une nuée de photographes, en l’occurrence une imprimerie, discours dans une petite salle bondée, embrassades de femmes rosissant sur son passage, l’inévitable scène où il descend un grand verre de vin… Mais il a aussi travaillé sa différence. Accueilli par une standing ovation par les étudiants de la fac de droit de Montpellier, il affectionne ces publics qui boudent son rival Nicolas Sarkozy. En privé, il s’en amuse d’ailleurs: "Sarkozy, lui, va devoir faire campagne en papamobile." Jamais en retard d’une critique, Villepin s’apprête aussi à publier un livre sur l’esprit de cour (le 8 novembre chez Perrin) qui prendra les allures d’un pamphlet contre la sarkozie. A la rentrée, il a déjà passé au Kärcher la politique sécuritaire du Président en dénonçant "une tache de honte sur notre drapeau". Plus rare avant l’été, Villepin n’en finit pas de se démultiplier dans les médias ou sur le terrain. Mais à force de redites, le président de République solidaire (RS) est-il toujours aussi audible? Lui qui s’enorgueillit d’avoir été, avec le lancement en juin dernier de son mouvement, l’artisan du plus grand rassemblement politique de l’année, ne risque-t-il pas de banaliser son discours, voire de lasser? Sur la question, ses soutiens sont divisés.
Selon le député finistérien Jacques Le Guen, "il faut bien sûr occuper le terrain, mais Dominique ne doit s’exprimer que sur les enjeux majeurs, d’une hauteur présidentielle. Le travail de tâcheron, c’est celui des députés".
L’autre député villepiniste breton, François Goulard, élu de Vannes, pense au contraire que le président de République solidaire a besoin de parler. "Les gens ne le voient pas encore comme un candidat à la présidentielle. Il a une ligne qui ne correspond pas à l’image qu’il avait et qu’il faut faire entrer dans l’esprit des gens." Jean- Pierre Grand renchérit: "Chaque fois qu’un problème se pose à la nation, il faut qu’il y réponde." Dans ses discours, Villepin insiste à présent sur la nécessité de compromis, au sujet de la réforme des retraites notamment. Mais aussi sur l’importance de prendre en matière de sécurité ce qui fonctionne à gauche: la police de proximité, mais aussi à droite: la vidéosurveillance. Un message de synthèse difficile à faire entendre.
Pas de groupe parlementaire pour le moment
D’autant plus compliqué que Dominique de Villepin a renouvelé en juillet son adhésion à l’UMP, ce qui a valu au réseau de République solidaire d’être engorgé de messages de mécontentement. "Nous avons répondu que, premièrement, nous avions participé à la création de ce parti, explique Brigitte Girardin, bras droit de l’ex-Premier ministre, et que, deuxièmement, nous voulions nous adresser aux électeurs UMP insatisfaits de l’évolution du parti majoritaire." Pour le moment, les villepinistes ont en tout cas échoué à séduire leurs collègues parlementaires. Ils ne seront pas assez nombreux pour constituer un groupe à l’Assemblée. Ce sera pour plus tard, espère Dominique de Villepin: "Une vingtaine de ministres vont rester sur le carreau après le remaniement, ce sera beaucoup plus simple."
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