Dans sa catégorie, l'ex-deputé a une bonne droite. Il fait partie de ces puncheurs qui tapent dès le premier round. Malgré cela, le 17 juin, Jacques Le Guen a été mis KO debout. Pourtant, l'homme politique, qui se double d'un médecin, s'est donné pour vocation de prendre soin. « Je pense que médecine et politique se rejoignent. J'ai un côté humaniste social. La droite populaire, moi je ne connais pas » lâchait-il début 2012.
Inclassable Jacques Le Guen ? Atypique ? Si rebelle, qu'un jour il a accroché Nicolas Sarkozy par le col. Avant qu'il ne soit président. C'était en 2006 à Paris, lors d'une réunion UMP qui préparait la réforme du Contrat première embauche (CPE). Sarkozy, ministre de l'Intérieur et candidat à la présidentielle y assiste. Jacques Le Guen prévient : « Si demain la fac de Rennes 2 s'embrase, c'est toute la France qui se lève. » Sarkozy réagit violemment :« Pourquoi dire cela ? Pour que j'envoie les CRS à Rennes, qu'il y ait un mort ! Que je ne puisse plus me présenter à l'élection ? » Les deux hommes finissent dans le couloir dans un face à face tendu. Physique.
Il est si rebelle l'ex-député de « Landi », qu'il a refusé de voter la réforme constitutionnelle de 2008. Là encore il affronte Sarkozy, Président cette fois. « Au téléphone, il a tenté de me convaincre. Je lui ai répondu qu'en conscience, je ne pouvais voter cette réforme. Lui me répondait : si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi. Il a raccroché en me disant : Breton têtu. »
Hollande à 55 %
Si rebelle qu'il a longtemps accompagné Dominique de Villepin. Il aurait bien vu l'ancien Premier ministre en président. Mais en septembre 2011, après avoir tenté de faire changer d'avis à « DDV », Jacques Le Guen regagne le giron de la majorité parlementaire, se représente en 2012 avec la bénédiction de l'UMP. « Villepin aurait dû revenir dans la majorité, se faire élire député puis prendre la tête de l'UMP : il était président en 2017. »Qui sait ?
Loin des fictions politiques, le 6 mai 2012, la circonscription de Landerneau-Landivisiau a voté Hollande à 55 %. Le 17 juin, au deuxième tour de la législative, l'homme politique de Plounévez-Lochrist a perdu face à Chantal Guittet (PS). Ici, l'ancien conseiller général de Plouescat avait succédé au chiraquien Charles Miossec, député durant 24 ans, ancien président du conseil général. Avant, de 1962 à 1978, Antoine Caill fut élu sans discontinuer. Si bien qu'en 2002, Jacques Le Guen était élu au 1er tour. « En 2007, j'aurai dû passer au 1ertour, mais le candidat du MoDem a travaillé à m'abattre. » En 2007, ilfait 49 % au 1er tour. L'emporte au 2e avec 54,7 %. Le 17 juin 2012, sa concurrente est élue avec 57,10 % des voix. Sans appel.
« Des amis » lui ont savonné la planche
Déjà aux régionales et cantonales le destin politique n'était pas au rendez-vous. « Nous aurions pu reprendre le Département en 2004. » De cette marche ratée ¯ il pense au perchoir du conseil général ¯ il lui reste de l'amertume. L'impression que « des amis » lui ont savonné la planche. Comme aux régionales de 2010 où Sarkozy lui impose Bernadette Malgorn pour tête de liste alors qu'il a reçu l'onction des militants. Résultat de la division, la liste de droite menée par Bernadette Malgorn fait 32 % aux régionales 2010. Une Berezina.« J'aurais fait mieux » assurait-il cet hiver.
Aujourd'hui, le puncheur ne veut pas baisser la garde. « Je reproche à la droite de ne pas avoir réussi à nommer un ministre breton en cinq ans. Logiques, les électeurs ont amplifié le score de la Présidentielle. Le problème de l'UMP, c'est que nous sommes un parti d'adhérents, mais pas de militants. Les socialistes étaient 20 ou 30 sur les marchés lorsque nous étions à deux. Pour reconstruire, nous devons reconquérir le milieu urbain. »
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