L'ancienne préfète de région n'est pas (encore) officiellement candidate aux régionales. Mais cette seule perspective suscite déjà des prises de positions tranchées au sein du parti de Nicolas Sarkozy.
« Une erreur de timing », reconnaissent volontiers certains élus de l'UMP. En demandant aux candidats tête de liste de se déclarer dès le 26 janvier dernier, les instances du parti ont, de fait, lancé la campagne en vue des régionales. Une élection dont... l'année n'est pas encore clairement fixée. 2010 si l'échéance normale est respectée. 2011 si la réforme territoriale ou le contexte sociopolitique l'imposaient.
Dans ce contexte très incertain, celui qui faisait figure de favori en Bretagne, Marc Le Fur, a jugé prudent de ne pas se brûler inutilement les ailes dans une candidature qui pourrait n'être que... virtuelle.
À la mi-mars, toujours selon un calendrier fixé il y a plusieurs mois, les militants seront appelés à investir le député Villepiniste finistérien Jacques Le Guen comme « tête de liste ». Ou, plus vraisemblablement, comme « chef de file » de la campagne.
Chacun sait en effet que Bernadette Malgorn, ancienne préfète de Région, aujourd'hui secrétaire générale du ministère de l'Intérieur, a les faveurs de l'Élysée. Non adhérente de l'UMP, elle n'est, pour l'heure, pas concernée par les procédures de désignation internes au parti. Après les Européennes, elle pourrait sortir du bois. Peut-être comme candidate dans une Région Bretagne qui aurait été déclarée « réservée » à une personnalité de la « société civile ».
Un scénario qui fait bondir le Vannetais François Goulard (lire ci-dessous). Une concurrence que ne veut pas imaginer Jacques Le Guen : « Si l'Élysée intervient, ce serait un déni de démocratie. Un coup de force qui ferait très mal au parti » tonne le bouillant député léonard, déterminé à s'attaquer à la citadelle tenue par le socialiste Jean-Yves Le Drian. « Je suis en campagne, c'est parti ! » dit-il.
Trop tôt... lui répond Pierre Méhaignerie : « Il n'est pas bon de voir apparaître cette question des candidatures aux régionales alors que nous n'avons pas encore traité le débat des élections européennes ».
L'ancien ministre, député d'Ille-et-Vilaine, ne cache cependant pas son agacement face au tir de barrage qui vise Bernadette Malgorn. « Elle connaît si bien les problèmes bretons, elle est si Finistérienne, si Bretonne, que sa candidature mériterait d'être regardée avec un minimum de bienveillance. N'excluons personne » plaide l'ancien ministre, député d'Ille-et-Vilaine, reconnaissant aussi que Marc Le Fur a « su montrer sa détermination et son indépendance » dans la défense des dossiers bretons. Pour Pierre Méhaignerie, c'est clairement « entre ces deux candidats » qu'un « débat démocratique » devra trancher. Le temps venu. « En septembre »,souhaite-t-il.
Jean-Laurent BRAS.
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