« Cette journée à Plouescat est, pour moi, un grand moment d'émotion. La catastrophe du Sokalique aurait pu être encore plus tragique. Mais Bernard Jobard a fait le choix de sauver ses hommes en premier. Moi qui ai fait partie de la commission d'enquête parlementaire après le naufrage du Prestige, je suis conscient que la sécurité en mer doit être renforcée. Ce manque de veille dans les navires de commerce n'est plus acceptable. »
Photo de la Marine Nationale prise le 18 août 2007 du cargo Ocean Jasper, impliqué dans le naufrage du caseyeur Sokalique
PLOUESCAT (AFP) - Nicolas Sarkozy a assisté mercredi à Plouescat (Finistère) à la messe d'enterrement du patron pêcheur tué au large d'Ouessant lors de la collision de son bateau avec un cargo battant pavillon des îles Kiribati.
Avant d'assister à l'enterrement de ce patron-pêcheur, Bernard Jobard, il a assuré devant la presse qu'il ferait "tout" pour que le procès des responsables du cargo kiribatien qui a provoqué la mort du marin-pêcheur "ait lieu en France", mais a ajouté qu'il n'était "pas sûr d'y arriver".
"J'ai voulu être là pour manifester la solidarité de la Nation à l'endroit du monde de la pêche. J'ai voulu également dire combien je suis choqué qu'on puisse se comporter de cette façon", a affirmé M. Sarkozy.
"Le bateau qui a percuté (le Sokalique), semble-t-il, n'a pas porté secours aux hommes qui étaient à la mer et on a un marin qui est mort. Ma place était donc d'être aux côtés de la famille", a ajouté M. Sarkozy.
Il a également indiqué qu'il aurait "un nouveau contact avec le président (de Kiribati, Anote Tong) ce week-end pour essayer d'obtenir le dépaysement (du procès), car le droit de la mer prévoit que c'est dans le pays du pavillon que doit avoir lieu le procès".
Le cargo, l'Ocean Jasper, doit rester à Brest pour la durée de l'enquête sur le naufrage du Sokalique.
"Je ferai tout pour qu'il ait lieu en France. On va se battre (...). J'ai obtenu des autorités de Kiribati que l'enquête ait lieu en France et que le bateau et l'équipage y restent (...) Pour l'instant, on n'a pas obtenu le dépaysement. C'est mon objectif, je ne suis pas sûr de l'obtenir", a-t-il toutefois ajouté.
"Je dois agir avec persuasion et faire comprendre qu'il y a beaucoup d'émotion dans notre pays", a également affirmé M. Sarkozy.
Il a précisé que "la justice gardera le bateau et l'équipage tant qu'il y a besoin pour que la vérité apparaisse".
Le chef de l'Etat, qui a rencontré la veuve du marin, Yvette Jobard, et les six autres marins rescapés de la collision avant d'assister à la messe, était accompagné du ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier, et de Maud Fontenoy.
La navigatrice a affirmé à la presse vouloir ainsi témoigner de "la solidarité des gens de la mer". "Moi j'ai failli être accrochée par un bateau lors d'une traversée à la rame, et je comprends la douleur des familles aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
Plusieurs centaines de personnes massées devant l'Eglise et la mairie avaient applaudi le chef de l'Etat à son arrivée.
L'un des rescapés, Hubert Person, 41 ans, mécanicien sur le Sokalique, a expliqué à la presse que Bernard Jobard, 58 ans, était "resté jusqu'au bout sur le bateau pour prévenir" les secours. "Il nous a sauvés la vie", a-t-il dit.
Il a également indiqué qu'il y avait eu "trois chocs", que l'avant du bateau avait été complètement arraché et qu'il avait mis "cinq minutes pour couler".
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