Les députés UMP vident leur sac: ils se sont offerts mardi une séance de brainstorming pour tirer les leçons de la défaite de la droite aux municipales lors de leur réunion hebdomadaire en présence de François Fillon, selon les participants.
Le Premier ministre leur a promis une "coproduction législative" sur les grandes réformes à venir.
Les députés UMP attendaient de pied ferme l'hôte de Matignon, auquel ils se raccrochent comme à une bouée de sauvetage depuis que Nicolas Sarkozy a dévissé dans les sondages. Sur les 227 députés candidats aux municipales, 45 ont été battus.
Les interventions critiques se sont multipliées pendant cette réunion d'une heure et demi, plus longue qu'à l'accoutumée. Les échanges ont été "très libres", a reconnu le président du groupe Jean-François Copé. Certaines critiques s'adressaient directement à Nicolas Sarkozy. Catherine Pégard, nouvelle responsable du "pôle politique" de l'Elysée, qui assistait pour la première fois à la réunion, a pris note.
Les plus virulents ont été logiquement les battus, à l'image de Claude Goasguen. Dans une longue intervention, le député de Paris a dénoncé la politique d'ouverture à gauche de Nicolas Sarkozy. "Je ne suis pas très favorable à une ouverture à des gens qui sont un petit peu des brontosaures de la vie politique", a-t-il lâché, en pensant à Jacques Attali ou Claude Allègre. "Le mitterrandisme n'incarne pas l'ouverture".
D'autres ont déploré le manque de lisibilité de la politique gouvernementale et le trop grand nombre de projets de loi. "On est très attaché à ce qu'il n'y ait pas trop de textes", a rapporté M. Copé.
"Il faut expliquer pourquoi on fait les réformes", a estimé le député du Finistère Jacques Le Guen. Un autre parlementaire a même incriminé "l'attitude de Nicolas Sarkozy, qui a rendu la situation plus difficile".
En réponse, François Fillon s'est engagé à "approfondir" les relations entre le gouvernement et la majorité. Selon son entourage, le Premier ministre a promis une "coproduction législative" aux députés.
"Sur les grandes réformes, sur l'ensemble des textes de loi, nous allons, nous les députés, travailler beaucoup plus en amont avec le gouvernement", a expliqué M. Copé. "Au lieu d'attendre que la loi arrive comme un paquet tout ficelé au lendemain du conseil des ministres, désormais c'est bien avant (...) que nous allons travailler avec le président de la République, le Premier ministre, les ministres concernés".
Dans ce cadre, M. Copé, reçu lundi par Nicolas Sarkozy, a annoncé que le chef de l'Etat allait réunir à intervalles réguliers le groupe UMP pour des discussions libres.
Le premier texte rédigé en "coproduction" sera le projet de loi de modernisation économique, annoncé pour le printemps. Jean-François Copé tiendra jeudi un point presse avec les députés chargés de passer au crible les propositions du rapport Attali, très décrié dans la majorité.
Pour le reste, M. Fillon a réaffirmé sa volonté de "tenir le cap des réformes" pour que "les résultats soient au rendez-vous en 2012". En plus de la modernisation économique, il a cité la réforme du marché du travail, l'intéressement et la participation, la conditionnalité des allégements de charges, l'assurance-maladie, les retraites, la dépendance, la réforme de l'Etat et celle des institutions. Le Premier ministre doit présenter mercredi matin une communication en conseil des ministres sur cette dernière réforme, transmise dans la foulée en Conseil d'Etat.
"Il faut continuer à dire la vérité sur la situation de notre pays", a dit M. Fillon, qui a aussi invité les députés à "être plus combatifs et à répondre aux attaques de la gauche, surtout lorsqu'elles sont démagogiques". AP
egp/mw
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