Jacques Le Guen brigue la tête de liste de la droite aux régionales de 2010. Problème : le député finistérien fait face à la candidature officieuse de I'ex préfète de région Bernadette Malgorn.
Interrogé par Le Mensuel, Jacques Le Guen promet qu'il ne jettera pas l'éponge.
Le Mensuel : Vous avez rencontré Xavier Bertrand, le grand patron de I'UMP, lundi. Que vous êtes vous racontés ?
Jacques Le Guen : Je lui aifait part de ma détermination d'être tête de liste aux régionales en Bretagne. J'ai été élu chef de file de I'UMP par les militants. Je suis donc naturellement candidat à.cette échéance. Cette ambition est légitime. Ceux ou celles qui souhaitent être candidat auraient dû se plier aux règles de désignation édictées par l'UMP. J'ai donc demandé à Xavier Bertrand de lever l'ambiguïté sur cette situation. Nous avons une réunion mercredi avec tous les parlementaires bretons. On y verra plus clair à ce moment là.
En juin, vous avez déjà ( convoqué > une réunion des parlementaires UMP bretons pour clarifien ) la situation. L'absentéisme s'est révélé élevé. Vous ne semblez pas beaucoup soutenu par vos collègues...
ll y a eu des absents parce que certains de mes amis jouent contre leur camp. Pierre Méhaignerie (député UMP de Vitré, promoteur de la candidature de Bernadette Malgorn, A/DLR) a décroché son téléphone pour les dissuader de venir. Mais tout va bien. J'ai le dos large, une cuirasse robuste et un sabre d'abordage tranchant . >
Beaucoup de militants UMP bretons estiment que vous allez jeter l'éponge face à la candidature officieuse de I'ancienne préfète de région Bernadette Malgorn.
C'est de l'intoxication ! J'ai été désigné par les militants, j'irai jusqu'au bout. Si Mme Malgorn veut prendre part à la campagne, je l'accueillerais volontiers en deuxième place sur la liste. D'ailleurs, Mme Malgorn doit m'appeler depuis quinze jours. J'attends. Elle a peut-être perdu mon numéro de téléphone...
Certaines mauvaises langues assurent que vous < faites monter la pression pour négocier au mieux votre repli... On parle de secrétariat d'Etat...
< Gast ! Si on me propose de rentrer au gouvernement, je dis non. Je souhaite rester cohérent. Je perds mon temps depuis un mois à contrecarrer les manipulations de certains de mes amis qui souhaitent m'écarter. L'objectif aujourd'hui, c'est de démarrer la campagne rassemblé. ll faut vraiment lever les ambiguïtés. La majorité de Jean-Yves Le Drian (actuel président PS de Bretagne, candidat à sa réélection, ) est à bout de souffle. Que vat-il rester de son bilan ? La Breizh Touch et la Sain Yves ?
ll faut que nous expliquions aux électeurs que la région ne se limite pas à la promotion. Je veux entamer le débat avec Jean-Yves Le Drian le plus tôt possible. >
La semaine dernière vous avez participé au lancement du club de Dominique de Villepin. C'est une provocation vis-à-vis des Sarkozystes locaux et de certains militants ?
< Non. L'UMP est un très grand parli où les sensibilités diverses doivent pouvoir s'exprimer. J'affiche des positions critiques sur certaines réformes et je n'hésite pas à le dire. Regardez la loi Hadopi, j'avais dit que cela allait poser des problèmes... Prenez la loi sur le travail du dimanche, un texte sur lequel je vais m'abstenir... lla été réécrit quatre fois. Quand on ne prend pas le temps de rédiger correctement les lois, on fait des bêtises. Plus largement, je crains un coup de sabre social. Mon travail de parlementaire nécessite que je m'en inquiète. Je suis un < rebelle fidèle >. C'est le surnom du prêtre dominicain Jean Cardonnel (prêtre < rouge > décédé le 4 juillet, /VDLR). Cet homme était en avance sur les positions traditionnelles de l'Eglise. >
Vous êtes vous rendu à la réunion des parlementaires UMP organisée à l'Elysée mardi ?
< Absolument. J'ai d'ailleurs serré la main du président de la République. >
Lui avez-vous fait part de votre situation ?
< Non, je n'en ai pas eu l'occasion. >
On dit pourtant que la candidature de Bernadette Malgorn est soutenue par I'Elysée,
< Sûrement oui. Le Président doit néanmoins respecter le vote des militants de son propre parti. >
On a observé un fort taux d'abstention dans le cadre des élections primaires qui vous ont désigné Chef de file... Les promoteurs d'une candidature de Bernadette Malgorn estiment que cela remet en cause votre légitimité.
< L'abstention des militants en Bretagne est là même que celle observée en Aquitaine où Xavier Darcos a été désigné chef de file. Même constat en Pays de Loire avec la désignation de Roselyne Bachelot.... Ce qui est bon pour l'Aquitaine et les Pays de Loire serait-il mauvais pour la Bretagne ?
Ce que je souhaite, c'est une clarification. Je ne vais pas continuer à travailler comme un con sur cette campagne, si c'est pour entendre dire < Jacques arrête là, tu peux retourner jouer aux billes > en septembre ou en novembre. Si c'est le cas, qu'on me le dise mercredi prochain. >
Et si on vous demande de vous retirer mercredi prochain ?
< On va rigoler ! > (rires)
Seriez-vous prêts à monter une liste dissidente ?
< J'ai été désigné chef de file par les militants UMP. S'il y a deux listes à droite, ce n'est pas la mienne oui sera dissidente. >
Avez-vous commencé à travailler sur la constitution d'une liste et d'un programme ?
< Oui. Tout est prêt. Si j'appuie sur le bouton, cela fait boom > (rires)
Ce genre de phrase peut-être sujet à interprétations'.'
< Oui, je plaisante. Je travaille actuellement sur un programme pour la Bretagne fait par les Bretons. Je souhaite faire travailler les circonscriptions sur celui-ci. Je compte également organiser des débats participatifs à la rentrée. Quand à la composition de la liste, je souhaite du rajeunissement, du renouvellement et de l'ouverture. >
Pratiquerez vous l'ouverture 'Jusqu'aux Sarkozystes" ?
< Evidemment. Je ferai quand même attention aux claquements de portes... avec les courants d'air. >
Propos recueillis par K.T.
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