Suite du feuilleton UMP pour les régionales: Jacques Le Guen doit rencontrer Nicolas Sarkozy «dans les prochains jours». Le parti envisage également de lancer un sondage en Bretagne.
À Vannes vendredi dernier, Jacques Le Guen a brièvement rencontré Nicolas Sarkozy à l'issue de l'hommage rendu aux deux soldats tués en Afghanistan. «Rencontre chaleureuse», affirme le chef de file de l'UMP pour les régionales, pas encore désigné tête de liste. Entre les deux hommes, il fut, bien sûr, question des régionales et si l'on en croit le député finistérien, le principe d'un rendez-vous a été décidé, affirme Jacques Le Guen, sans vouloir en dire plus. Si ce rendez-vous se confirme, il témoignera de la volonté de Nicolas Sarkozy de s'impliquer personnellement dans un contentieux qui tourne à l'aigre en Bretagne entre Jacques Le Guen et Bernadette Malgorn pour la tête de listeUMP aux régionales. Les attaques frontales de François Goulard à l'encontre de l'ex-préfète de région, les propos acerbes d'un autre ex-ancien ministre, Ambroise Guellec, contre JacquesLeGuen, les prises de position d'élus ou responsables locaux en faveur de l'un ou l'autre candidat prennent des allures de course à l'armement. Et laissent présager un beau champ de bataille si personne ne vient mettre un terme à cette escalade. Nicolas Sarkozy va-t-il prendre les choses en main? Il est en tout cas bien placé pour savoir que cette Bretagne électoralement frondeuse et foncièrement indocile pourrait ternir le panorama des régionales de l'an prochain en mettant en évidence de profondes fractures au sein de sa propre majorité. Ce qui ferait tout de même désordre en période de reconquête des régions.
Un sondage dans l'air
Qui cédera le premier? Personne assurément. Jacques Le Guen, député villepiniste drapé dans sa légitimité de chef de file désigné en Bretagne, ne cède pas un pouce de terrain devant certaines pressions de l'appareil UMP. De son côté, Bernadette Malgorn, regard d'acier et silhouette affinée, laboure inlassablement sa terre d'origine. Elle est partout (aujourd'hui au Space à Rennes et peut-être même ce soir au match Brest-Guingamp), mettant à profit le temps de disponibilité que lui laissent désormais ses fonctions à la Cour des Comptes. Et ce n'est pas le patron de l'institution, Philippe Séguin, relation de vieille date, qui doit surcharger son plan de travail hebdomadaire... Entre ces deux fortes têtes, comment trouver l'issue? Du côté des dirigeants de l'UMP a fleuri l'idée du lancement d'un sondage en Bretagne pour savoir quel serait le meilleur candidat, pratique désormais courante dans le parti majoritaire.
Têtu de Breton
Devant la farouche détermination affichée par les deux candidats, il faut trouver une sortie par le haut. Nicolas Sarkozy aura-t-il la clef? Il ne peut assurément jurer de rien face à l'inébranlable JacquesLeGuen que le Président avait lui-même qualifié de «têtu de Breton» lors d'une conversation téléphonique. Jacques Le Guen ne fait pas mystère de cet échange animé, l'an dernier, à propos de la réforme constitutionnelle. Au président qui l'exhortait de faire le bon choix au moment du vote, le député avait fièrement répondupar la formule du duc de Montluc : «Mon corps et mes biens appartiennent au Roi, mon esprit et mon âme appartiennent à Dieu et mon honneur à moi-même. Je ne céderai pas». «Têtu de Breton», avait lancé Nicolas Sarkozy, avant de raccrocher. C'est sûr que des réponses de ce calibre, il ne doit pas en avoir tous les jours, notre Président. Décidément, ces Bretons...
René Perez
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