Le Finistérien Jacques Le Guen en tête de liste UMP pour les élections régionales, pas sûr que Sarkozy apprécie! Va-t-il inciter Bernadette Malgorn à entrer dans le jeu?

Nicolas Sarkozy, qui a fait de la reconquête des régions l'un de ses objectifs politiques majeurs, doit aujourd'hui se sentir comme JulesCésar face au village d'irréductibles du fin fond de l'Armorique. C'est quoi, ces Bretons qui ne pensent qu'à le contrarier? Déjà, en votant majoritairement pour Ségolène Royal, ils lui avaient singulièrement hérissé le poil. Mais alors même qu'il vient de démontrer ostensiblement qu'il est le seul chef de l'UMP, voilà que son propre parti lui renvoie, de Bretagne, l'image même de l'insoumission.
«Tout sauf Bernadette»
Pour conduire une liste aux régionales, on ne choisit pas un second couteau. Et en toute logique, trois têtes de parlementaires dépassaient: François Goulard, Marc LeFur et Jacques Le Guen. Un trio à faire tourner le sang de NicolasSarkozy, tant il semble n'y en avoir pas un pour rattraper l'autre... Le maire de Vannes est, des trois, le plus indocile et le plus provocateur. Tout ce qui touche à Sarkozy lui donne de l'urticaire (et réciproquement), au point qu'il s'est permis, à propos des régionales, de lancer une sorte de «Tout sauf Bernadette» à destination directe de l'Élysée (lire ci-dessous). Qu'il envoie un missile aussi ciblé, en support de sa non-candidature, en dit long sur le degré d'animosité. Marc Le Fur, lui, est nettement plus fréquentable. Mais voilà: le Costarmoricain a fait partie de ces députés UMP frondeurs qui ne sont plus en odeur de sainteté après leur opposition affichée à certains projets de loi, comme le travail du dimanche, et des déclarations aux accents un peu trop incisifs. Marc Le Fur n'en était pas moins le préféré. Mais mercredi dernier, à Paris, il a fait savoir à son tour qu'il n'était pas candidat.
Droit dans ses bottes
Reste le troisième, le député finistérien Jacques Le Guen qui affiche la couleur: «Je n'ai décidé de me présenter qu'après cette réunion au Sénat et l'assurance que Marc LeFur ne serait pas candidat. Je lui avais clairement indiqué que je n'irais pas contre lui s'il se présentait». Le Guen vu par Sarkozy, c'est du Goulard édulcoré. Un Breton cabochard qui n'a jamais caché sa fibre villepiniste, même dans les moments où d'autres se faisaient plus prudents sur le sujet. Droit dans ses bottes, c'est un peu le leitmotiv de cet élu qui réclame, au sein de l'UMP, le droit à la différence parce que dans un parti, dit-il, «on n'est pas obligé de tous penser la même chose, le même jour, à la même heure». Ce tempérament cabochard lui a d'ailleurs valu quelques déboires avec certains militants UMP du Finistère qui avaient fini par lui tailler le costume de Jacques l'Éventreur! Ce qui est tout de même très exagéré. Car s'il lui arrive, effectivement, d'être un tantinet sanguin, Jacques Le Guen est un tribun hors pair et un meneur d'hommes comme l'UMP du Finistère n'en a pas deux. S'il y a une citadelle à attaquer, il sera en première ligne. Pas comme certains ducs, du temps à peine jadis, qui faisaient flotter leur étendard bien trop à l'arrière des champs de bataille.
2010 ou 2011?
Voilà donc Jacques Le Guen au côté de trois autres candidats (*), dont l'unique ambition sera de décrocher une place sur la future liste régionale. Aucun des trois n'a la taille patron pour faire face à Jean-Yves Le Drian dans l'affrontement régional de 2010. 2010? Là est la question, car en ces temps de réforme institutionnelle, les lignes pourraient bouger. Les conclusions de la commission Balladur apporteront un éclairage sur lequel Nicolas Sarkozy fera peut-être des propositions de réformes des collectivités territoriales. Sa réflexion pourrait, du coup, entraîner un report des régionales en 2011 et une remise à plat du mode de désignation des candidats par l'UMP. Pour l'instant, le calendrier est inchangé: les militants bretons seront appelés à se prononcer, début mars, sur les quatre candidats inscrits. Avec Jacques Le Guen comme logique favori, candidat atypique dans une région singulière...
* Les trois autres candidats UMP sont Marie-Hélène Bague (Guingamp), Jacques Morin (Lorient) et Sébastien Chancerel (Domloup).
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