La machine à perdre a encore fonctionné ». Des militants UMP du Finistère ne cachent pas leur désarroi après le résultat des sénatoriales. Changement en vue, aux élections internes de novembre.
Le 14 novembre prochain, l’UMP du Finistère va procéder au renouvellement de ses instances dirigeantes. Moment traditionnellement fort de la vie du parti, il promet quelques débats serrés et probablement un renouvellement de dirigeants après la déconvenue des sénatoriales. Comme prévu, ce scrutin aura servi de révélateur et la sécheresse des chiffres confirme que le malaise est profond. À la pointe bretonne, la mayonnaise UMP a bien du mal à prendre depuis sa création, en 2002, et il n’est pas nécessaire d’être expert en traçabilité pour déceler des causes de dissensions internes entre ex-UDF et ex-RPR ou entre Sarkozystes et Villepinistes. Avec, à la clef, une question très prosaïque : qui est le chef ? Très largement distancée par le PS, l’UMP est sortie sonnée au soir du scrutin sénatorial. Elle n’a pas eu le second siège espéré et, surtout, elle n’a rassemblé qu’à peine plus d’un quart des grands électeurs finistériens, véritable camouflet, dans ce type de scrutin, pour un parti au pouvoir. Zéro pointé à Brest et Quimper
Ce résultat, au-delà de l’illusion créée par la conquête de quelques villes moyennes aux dernières municipales (souvent en raison de dissensions à gauche) est révélateur de la situation de l’UMP dans le Finistère. Avec Brest et Quimper comme zéro pointé de la représentation électorale : deux députés, deux maires et treize conseillers généraux, tous PS ! Plus un seul UMP élu à un scrutin uninominal, dans les deux villes. Tout est à reconstruire.
La voix des contestataires
De toute évidence, la campagne des sénatoriales est restée en travers de la gorge de nombreux militants. Le ticket Philippe Paul-Agnès Le Brun en valait bien d’autres. Mais à aucun moment la base n’a été consultée sur ce tandem dont la mise sur orbite doit beaucoup à Ambroise Guellec. Au moment où d’autres actionnaient leurs réseaux, l’ex-ministre et actuel député européen, poussait Philippe Paul, son ancien attaché parlementaire, maire de Douarnenez et Agnès Le Brun, maire de Morlaix. Un duo de quadras qui pouvait légitimement s’appuyer sur ses victoires aux municipales du printemps pour enclencher une dynamique. Mais au manque de transparence dans le mode de désignation est venu s’ajouter le manque d’autorité et de soutien des instances départementales, durant la campagne. Deux facteurs qui, en se combinant, ont suscité un chapelet de candidatures contestataires dont une seule (Antoine Corolleur) sera finalement allée jusqu’au bout. Ce qu’un militant résume d’une formule : « Comme personne ne domine, chacun pense avoir sa chance ! ».
Ménard : vents contraires
Qui dirige ? Réponse incertaine car au niveau finistérien, la voix du parti n’est pas très audible. Christian Ménard, le président départemental, a en charge la vie du parti mais son autorité est loin d’être manifeste. Il est vrai que les événements, ces temps derniers, ne lui ont pas été très favorables. Outre le retour en région parisienne de son ex-futur gendre qui s’était intronisé à l’américaine dans le secteur de Châteaulin, le député UMP fait face à des vents contraires dans sa circonscription. Avec, entre autres, l’hôpital de Carhaix et l’école de gendarmerie de Châteaulin. Pas simple, dans ces conditions, d’assurer fermement la conduite des affaires du parti quand on hérite, en prime, d’une mission sur la piraterie qui sonne curieusement après les agissements de certains flibustiers locaux.
Le Guen : en réserve ?
La conduite du parti ? C’est la fonction qui avait été confiée au député Jacques Le Guen, homme fort de l’UMP finistérienne après la création du mouvement. Un élu à l’autoritarisme parfois cassant mais dont le tempérament de meneur le classait au sommet de la pyramide bretonne, au côté de l’ex-ministre François Goulard. Les options choisies par les deux hommes, Chiraquiens de longue date et Villepinistes de conviction, leur ont valu les trajectoires que l’on connaît. Destitué un soir d’assemblée générale, après un vote savamment orchestré, Jacques Le Guen peut-il encore être un recours pour remettre de l’ordre dans la maison ? Il faudrait pour cela que l’UMP accepte le jeu de la diversité et que le député donne de sérieux gages. Des deux côtés, il reste beaucoup de chemin à faire et dans un espace désormais très ouvert, il faut s’attendre à voir émerger de nouvelles têtes. Entre autres, le Brestois Laurent Prunier (32 ans) qui assure déjà quelques missions fédérales, depuis la démission récente du secrétaire départemental du parti, François Le Verge, ex-directeur d’Ifremer. Autant dire que les lignes vont bouger. Un impératif pour le parti car après l’échec cuisant des sénatoriales, l’UMP ne peut se permettre de repartir la fleur au fusil.
René Perez